Le dessin animé Klaus sur Netflix est fantastique mais surtout, il remet au devant de la scène l’animation 2D. Comment ce « petit » studio espagnol a-t-il réussi alors que tous (même Disney), travaillent quasiment toujours en 3D ? Voici quelques réponses et c’est passionnant ! Attention, il n’y aura pas beaucoup de détails et les infos sont plutôt secrètes. Il y a sans doute de petites imprécisions dans mes propos mais je souhaitais vivement partager mon ressenti sur ce film Klaus, qui ouvre de nouvelles perspectives !
« SPA Studios » a réussi le pari de réaliser un film en animation 2D dans une production grand public. Ils ont pousser l’animation 2D dans le futur et c’est une première ! Pourquoi ? Commençons rapidement par le début.
L’animation 2D : au début.
Dans les années 70/80, l’animation 2D était plutôt plate. Prenons par exemple les 101 dalmatiens : le décor est plat, les personnages aussi. Il y a peu de perspectives ou de volume.
L’Animation 2D à la Disney.
L’animation 2D évolue mais la 3D aussi.
Dans les années 90, une nouvelle technique arrive pour le film de « Roger Rabbit » afin de donner plus de volume aux personnages (simuler de la 3D). En gros, on passait de l’animation de 1 calque à 3 calques : couleur plate, les ombres et les lumières. Le personnage a donc plus de perspectives et est donc moins plat ! Malheureusement, cette technique était extrêmement chronophage et donc trop chère. D’autant plus que la 3D pointait le bout de son nez avec notamment « Toy Story » en 1994 et évoluait extrêmement vite contrairement à la 2D qui atteignait ses limites.
Animation 2D évoluée : Les 3 calques sont animés indépendamment. Toujours à la main !
La 3D, c’est comme le chocolat !
Beaucoup de films d’animation utilisent la 3D car elle a pu faciliter le processus de création par rapport à un film en 2D. Et c’est tant mieux ! Il y a de très belles pépites comme Ratatouille, Dragons, Toy Story et j’en passe… Attention, « faciliter le processus » ne veut pas dire que c’est facile à faire. Mais dans l’idée : il suffit de créer – en une unique fois – un décor plus des personnages en 3D. Puis vous avez la liberté de décliner autant de scènes, de plans, de mouvements que vous souhaitez. En animation 2D, chaque mouvement et chaque scène est à recréer. C’est donc normal que la 3D soit aussi tendance car elle répond avec brio à une productivité toujours plus forte ! Mais en abusant des bonnes choses.. il y a un côté négatif : la disparition progressive de l’animation 2D.
« SPA Studios » voulait revenir aux sources et offrir un dessin animé avec un charme fou que l’on retrouvait jadis sans 3D. Mais comment ?
Comment animer en 2D avec un rendu 3D ?
En somme, comment mixer le rendu unique de l’animation 2D et des avantages de la 3D ? Car oui, on pourrait tout dessiner image par image comme à l’époque.. mais le travail serait colossal et peu viable notamment pour les textures et les ombres. En image, comment passer de ça à ça :
L’animation : Harmony et/ou HouDoo.
Il semblerait que SPA Studios utiliserait plutôt « Harmony » de toonboom. Voici la description officielle :
« Depuis 25 ans, Harmony est reconnu et utilisé dans les plus grands studios d’animation du monde. Avec son logiciel d’animation et de production, il vient uniformiser les règles du jeu en offrant aux étudiants, freelances, artistes et animateurs des fonctionnalités d’animation en 2D, ainsi que des outils de production complets. »
Pour preuve, voici une photo officielle d’une partie de l’équipe de SPA Studios en plein travail. En regardant bien leur écran, l’interface d’Harmony est bien reconnaissable. En continuant l’investigation dans la rubrique « Job » du site officiel il y a bien ce logiciel qui est demandé.
Difficile d’être catégorique car sur différents sites, il est également mentionné le logiciel « HouDoo« . Peut être que ces deux logiciels ont été utilisés conjointement ?
La texture et la lumière : merci au studio « Les films du Poisson Rouge » !
Cocorico ! Ce studio français développe différents logiciels pour l’animation. Voici ce que dit Wikipédia sur la fiche du film :
» Pour l’apparence du film, le studio a cherché à surmonter certaines des limites techniques de l’animation traditionnelle, en se concentrant sur l’éclairage et la texture organiques et volumétriques pour donner à un film un aspect unique, tout en conservant une sensation artisanale. Des outils propriétaires de la société française d’Angoulême, Les films du Poisson Rouge, ont été utilisés pour permettre à l’équipe de produire divers styles de développement visuel dans le but de s’éloigner du style standardisé de « personnages ressemblant à des autocollants apposés sur des arrière-plans peints » »
Alors quels sont ces outils ?
L’animation des textures : M.O.E
C’est un logiciel qui permet de partir d’une animation classique et d’y ajouter / animer des textures et des effets grâce à un algorithme de tracking. En résumé les textures sont animés pratiquement automatiquement. Incroyable !
La lumière et les Ombres : L.A.S
Après les textures, il faut s’occuper des « Lights and Shadows (L.A.S) ». Les artistes peuvent choisir les éléments qu’ils veulent éclairer et peuvent facilement tracer une forme vectorielle et l’animer avec des images clefs le tout en temps réel. Et boom : on passe d’un personnage animé 2D à un personnage comme en 3D. Très fort ! Surtout que chaque calque d’ombre et de lumière est facilement modifiable, il est donc possible de modifier les formes et les couleurs suivant l’environnement (lever de soleil, nuit, pleine journée etc…).
La 3D, toujours un incontournable
La 3D est un alliée parfait pour certaines scènes, notamment celle de la cuisine. Le décor est en 3D mais les personnages (semblent) être animés en 2D.
Le compositing
En mixant ces techniques, il est alors possible d’avoir ce rendu unique du Film Klaus.
Conclusion
C’est vraiment beau ! Que dire de plus ! Voici un workflow qui semble être rapide, flexible et simple à comprendre car une bonne partie du travail est automatisé par un software. C’est à la fois respecter une façon de travailler à l’ancienne et d’utiliser les dernières technologies. Bref mixer le « old school » et le futur ! On espère que « Klaus » va inspirer de nombreux autres films, d’inventer de nouveaux outils et de rendre l’animation 2D un art à nouveau viable et mainstream.
Nous serions tellement heureux d’en savoir plus, mais le secret est bien gardé. On ne peut qu’être reconnaissant envers « SPA Studios » de déjà nous montrer ces quelques « Making of ».
En tout cas ici à Nantes (au Bar à Formations & SKMG Studio) nous sommes friands de toute ça !
Joyeux Noël à toutes et tous !
Sources : Inspiré par les chaînes Youtube « SPA Studios », « TomPreston6 », « Pipeliner », Wikipédia et pas mal de requêtes sur le web… ^^
Mise à jour février 2020 :
La chaîne youtube « Insider » a publié une superbe vidéo qui détail encore plus cet article. Heureux que cela confirme mes dires 😉
Le Bar à Formations est un organisme de formation continue en création digitale situé à Nantes et certifié QUALIOPI.
Nous proposons des formations certifiantes et finançables par le CPF : Video & Co - Motion & Co